La prosodie française présente un défi à la fois aux modèles traditionnels de phonologie prosodique et aux approches psycholinguistiques plus récentes du traitement de la parole continue. L’accent français n’est pas marqué lexicalement, ce qui est principalement attribuable à son statut post-lexical.
En effet, contrairement à d’autres langues à accentuation fixe (comme le finnois ou le polonais), le français serait la seule dans laquelle le domaine accentué n’est pas le mot lexical mais le groupe de mots, en français, comme en polonais, les indices d’accent acoustique ne sont pas utilisés pour distinguer le sens des mots individuels, et enfin, en français, le placement accentuel (accent final du groupe FA) ne changerait pas, même soumis à des contraintes morphologiques (Peperkamp, Vendelin & Dupoux 2010).
Certains auteurs ont commenté la persistance de l’accent de la population francophone en raison de ces traits prosodiques (Dupoux et al. 1997, et suivants).
Loi sur l’accent anglais et notes de circonscription française
Le degré de statut que les accents ont dans une langue est directement proportionnel au degré de constitution qu’ils manifestent réellement dans cette langue. Selon S.-A. Jun et C. Fougeron (2000, 2002, pour un traitement plus approfondi des niveaux constitutifs, voir Di Cristo 2011), il existe deux principaux niveaux d’organisation de la prosodie française : le syntagme accentuel (locution accentuée ou ap) et l’intonation syntagme (expression d’intonation ou IP).
Le domaine des règles phonologiques (règles d’attribution d’accent, d’affixation, de désaccentuation et de résolution de conflits) est abrégé ap. FA marque la fin du groupe de mots, tandis que IA pourrait marquer le début du premier élément lexical du groupe. IP est l’étude des contours tonals et peut consister en un seul ap ou en plusieurs.
Certains auteurs attribuent ce niveau intermédiaire entre ap et IP (locution intermédiaire ou ip) à des structures grammaticales (Jun & Fougeron 2000, Di Cristo & Hirst 1996, Delais et al., 2015), tandis que pour d’autres, il s’agirait d’un véritable intermédiaire prosodique niveau en fonction de la taille de ses constituants (Michelas & D’Imperio 2010).

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Prééminence dans le mètre et la voix
Le rythme de la syllabe est perturbé dans les langues romanes, et le français en particulier, par l’apparition d’épenthèses et de schwa à la fin des mots (Montreuil 2002). Pour éviter de former une syllabe métriquement forte, les syllabes avec schwas sont attachées à la syllabe précédente avec une voyelle complète (une « macro-syllabe », comme décrit par E. Selkirk, 1984).
Ainsi, la syllabe française n’est pas le pied du système métrique, mais plutôt le niveau supérieur de la syllabe, où alternent des syllabes entières et des macrosyllabes plus grandes. F. Dell (1984) démontre que le contour tonal est associé à la dernière syllabe pleine d’un mot phonologique, mais jamais à un schwa. En d’autres termes, l’accent n’est pas toujours lié à la marge immédiate du mandant.
Attribuer le contour uniquement à des syllabes entières donne à l’accent un poids métrique (Ladd 2008). Il n’est pas pertinent pour cette analyse de savoir si cette syllabe ressemble ou non à une voile phonologiquement. La théorie n’exclut pas la possibilité d’une séparation entre le niveau métrique et le niveau mélismatique, même s’il est vrai que les syllabes métriquement fortes sont aussi directement associées à un accent métrique (accent de hauteur) et sont accentuées.
Une prise en compte du facteur temps est nécessaire.
Selon l’étude translinguistique de M. Rossi (1972) sur la perception du temps, le seuil de perception du temps est affecté par l’ordre d’apparition des stimuli, si le stimulus étalon apparaît avant la variable, le seuil est plus bas.
On peut donc en déduire que le pied ambique français (alternance faible-fort) aide à la perception de la proéminence marquée par la durée, typique de FA : le poids métrique de la syllabe est renforcé en position ambique. Ceci nous amène à proposer que l’accentuation et les phénomènes de frontière prosodique sont distincts sur le plan cognitif (Astésano, 2001).
La perception comme lien entre phonétique et phonologie.
La médiation idéale entre les paramètres acoustiques-phonétiques et les paramètres d’accent phonologiquement abstraits peut être obtenue, à notre avis, en utilisant une approche perceptive des phénomènes prosodiques.
Dans cette optique, seuls les éléments traités auditivement sont considérés comme phonologiquement significatifs (Di Cristo 2004, Vaissière 2005). Le problème est que les auditeurs ne prennent pas consciemment en compte les phénomènes perceptuels.
Ainsi, l’étude de la perception des événements prosodiques ne devrait pas s’appuyer sur les caractéristiques acoustiques des proéminences et frontières prosodiques, mais plutôt sur l’idée de proéminence cognitive qui est relancée chez A. Di Cristo (2011).